Naturellement, cet événement est présenté comme « l’événement mondial majeur pour le design scandinave ». Une affirmation bien méritée pour la SSF (Stockholm Furniture Fair ou Salon de l’ameublement de Stockholm). Active depuis 1951, la SFF s’est bâtie une forte réputation et attire des visiteurs du monde entier.
Elle compte désormais parmi les plus importantes expositions en Europe. Une fois la visite terminée, vous repartez informé(e) des dernières nouveautés du monde du design. C’est un salon varié et complet, qui propose des conférences des meilleurs architectes sur les problèmes les plus courants du design, présentant ce qui se fait de mieux en matière d’ameublement, et mettant en avant des designers prometteurs dans l’espace « Greenhouse ». Au Design Bar et à l’exposition Trend, les designers présentent leurs tendances les plus récentes avec une attention particulière pour les matériaux, les formes et les couleurs.
Par ailleurs, chaque année un hôte de marque est invité à créer une installation dans l’entrée, un rendez-vous annuel très attendu. Les salons de design tels que la SFF sont bien évidemment pour les entreprises un moment important servant à présenter leurs derniers produits, les toutes dernières tendances et les palettes de couleurs les plus actuelles. Mais de plus en plus d’entreprises utilisent cette tribune afin de parler de leur manière d’aborder des problématiques de design plus larges comme le bien-être ou la durabilité au sein de l’environnement de bureau.
Créer un sentiment d’appartenance à une communauté
Cette année, les hôtes de marque, Neri & Hu, ont certainement mis le doigt sur des problématiques plus larges, avec une installation sur le thème du village chinois traditionnel, et comment sa disparition progressive affecte la communauté, la famille ainsi que les racines culturelles.
Le thème de la communauté s’est étendu à l’ensemble de l’exposition, avec une attention particulière sur son impact au sein du lieu de travail. Un sens aigu de la communauté sur le lieu de travail revient à posséder la meilleure équipe au monde au sein de votre organisation. Les communautés créent la loyauté, la confiance et la crédibilité. Non seulement elles se soutiennent entre elles, mais un sens de la communauté peut également soutenir les valeurs de l’entreprise. Les employés ont besoin d’un sentiment d’appartenance et de se sentir estimés. Concevoir un lieu de travail qui accompagne la communauté est donc essentiel. C’est une tendance qui a évolué avec le temps. Je ne me souviens pas avoir entendu mes parents discuter de l’ambiance ou du design de leur lieu de travail. La tendance a commencé avec le simple désir de créer de meilleurs environnements de travail, ce qui a conduit à réaliser l’effet qu’il produit sur les employés, en les inspirant et en améliorant leur productivité. À présent, elle évolue un peu plus, alors que nous nous tournons vers la nature afin d’accroître notre bien-être et de créer les meilleurs environnements possibles tout en soutenant les matériaux recyclables.
Au stand suédois, un couloir communautaire avec un jardin floral au centre, a encouragé les gens à se rencontrer et à se saluer, parler et partager une conversation. Des sièges étaient également disposés le long du couloir. Le stand devenait animé à mesure que les gens conversaient le long du chemin.
Des talents émergents
Dans l’espace Greenhouse, où les jeunes designers indépendants sont jugés devant un jury, les maîtres-mots étaient « curiosité, innovation et durabilité ». Les jeunes designers sont naturellement curieux. Ils aspirent à un monde meilleur, et veulent créer de meilleurs produits qui répondent aux problématiques du monde actuel. Ils le font presque instinctivement. En particulier, Digitalab, la star montante de l’espace Greenhouse, illustre parfaitement cette jeunesse curieuse et inventive.
Axé à la fois sur la conception générative et la fabrication numérique, Digitalab est un cabinet jeune et pluridisciplinaire qui développe des projets dans plusieurs domaines, notamment la conception produit, les installations artistiques, la décoration d’intérieur, l’architecture et la recherche numérique. Pour SFF, ils ont présenté une exploration créative d’un matériau naturel sous exploité, en utilisant le liège pour créer un beau tissu.
Remarquable également, Nikolaj Thrane Carlsen de TangForm, qui a créé des chaises à partir d’un composite à base d’algues entièrement biodégradable.
Tourné vers l’avenir, avec un clin d’oeil pour le passé
Bien que plusieurs des discussions se tenant au SFF étaient axées sur l’avenir du design, le designer et architecte Tom Dixon a exploré les compétences du passé, partageant son intérêt pour des objets comme les anciennes cruches d’eau indienne ainsi que les pots en cuivre qui sont anti-bactériens et maintiennent l’eau au frais. Il a souligné l’importance de ne pas perdre ces anciennes techniques et de les immortaliser avant qu’elles ne disparaissent.
Il a ensuite expliqué la nature de ses projets de villes sous-marines. Un panneau solaire à la surface de la mer fournit l’électricité à une chaise en métal, qui avec le temps, formera une couche de corail/ dépôt de calcium. Cela créé non seulement un nouvel écosystème, mais également un produit fini unique et de valeur, selon Dixon. Très expérimental, à défaut d’être résolument pratique ! Néanmoins, cela montre ce qui pourrait être accompli à une plus grande échelle.
Sur un plan plus pratique, Dixon a également décrit le design du lit qu’il a construit pour Ikea, qui évolue et se développe à mesure que la famille s’agrandit, et s’adapte une fois que les enfants quittent le foyer.
Dans l’ensemble, la Stockholm Furniture Fair de cette année a été à la hauteur des attentes, offrant une touche scandinave aérienne et toute en légèreté aux problématiques liées au développement durable.