Au cours des quatre dernières années, nous avons étudié les nombreux bienfaits que peut offrir une approche du design centrée sur l’humain. Celle-ci est axée sur les liens entre l’humain et la nature tels que les met en évidence la conception du design biophilique. Quand il s’agit de savoir si un design est bénéfique ou non, nos expériences sensorielles des espaces jouent un rôle déterminant. Cependant, il est clair à présent que nous avons tous des seuils différents en termes d’acceptation des stimuli sensoriels ; ce qui convient à une personne ne conviendra pas nécessairement à une autre. Pourtant, dans de nombreux espaces de travail contemporains, cet élément n’est pas pris en compte. C’est particulièrement difficile à mesurer aujourd’hui, alors que nous devons prendre en main notre bien-être cognitif et sensoriel en faisant de notre mieux pour créer des espaces de travail productifs chez nous, à la maison. Cela exige que nous réfléchissions à nos propres exigences sensorielles. Comment faire pour mieux comprendre cette diversité sensorielle afin de créer des espaces de travail sains et productifs ?
Le problème de la distraction
Plus que jamais peut-être, nous sommes entourés de distractions et nous évoluons dans des environnements urbains et artificiels, qui nous offrent peu de temps ou d’espace pour récupérer.
La technologie numérique mobile a intensifié ce problème. En moyenne, l’utilisateur d’un téléphone touche son appareil 2 617 fois par jour. En réalité,
- Près de trois quarts des travailleurs (70 %) disent qu’ils se sentent distraits au travail.
- Plus de 50 % des employés ne se sentent pas aidés par leur environnement de travail.
- Seuls 57 % estiment que leur environnement de travail leur permet de travailler de manière productive.
De fait, nous sommes multitâches, et cela augmente les niveaux de cortisol et d’adrénaline, ce qui n’est vraiment pas idéal pour la santé, le bien-être, la concentration et la productivité…
Un impact sur la productivité
En 2015, les travailleurs nord-américains perdaient trois heures par jour, soit 60 heures par mois, en distractions sur le lieu de travail. Les distractions ont pour conséquence le stress et des tâches réalisées dans la précipitation ; en 2012, l’absentéisme dû au stress a coûté au Royaume-Uni 6,5 milliards de livres. Il n’est donc pas surprenant que 34 % des employés soient moins satisfaits de leur poste quand ils travaillent dans un environnement distrayant, et que cela se traduise au final par un plus fort taux de rotation du personnel. Si l’on considère que cela coûte en moyenne 11 000 £ (environ 13.000 €) de remplacer un employé gagnant le salaire britannique moyen, proposer des espaces propices au travail concentré peut avoir des bénéfices économiques énormes pour une entreprise. Vous trouverez notre business case dans notre dernier guide de design. N’hésitez pas à le montrer à vos clients pour les convaincre de la pertinence d’une approche du design qui prend en compte les sens sur le lieu de travail.
Personnalité, seuils sensoriels et neurodiversité
Nous recevons 11 millions d’informations sensorielles chaque seconde (dont nous ne traitons consciemment que 50 %). À quoi devons-nous donc veiller ? Il existe sept systèmes sensoriels reconnus qui transmettent ou reçoivent en permanence des informations. Ce sont les systèmes visuel (vue), auditif (ouïe), olfactif (odorat), gustatif (goût), vestibulaire (équilibre et sens de la gravité), et la proprioception (la position du corps dans l’espace déduite des informations fournies par les muscles et les articulations).
Notre réponse aux stimuli sensoriels peut être déterminée par notre personnalité, ainsi que par notre seuil sensoriel. Celui-ci est mesuré sur une échelle allant de faible à élevé, et il est différent pour chacun. Ainsi, nous avons chacun un seuil de tolérance unique quand il s’agit des stimulations sensorielles (c’est ce qu’on appelle également la « neurodiversité »), seuil dont nous discutons en détail dans ce guide de design.
Concevoir en tenant compte des sens
Ainsi, en matière de conception du lieu de travail, la meilleure approche consiste à fournir un éventail d’environnements sensoriels entre lesquels les personnes pourront circuler en fonction de leurs besoins et de leurs préférences. Nous sommes toujours programmés pour nous épanouir dans des espaces qui nous rappellent l’équilibre que nos ancêtres trouvaient dans les environnements naturels. Ceci étant, nous suggérons de prendre appui sur les principes du design biophilique pour créer des espaces bien pensés sur le plan sensoriel.
Quelles que soient les préférences d’une personne – qu’elle aime travailler dans un lieu animé, coloré, stimulant, riche en textures (seuil élevé), ou qu’elle ait généralement besoin de tranquillité, de calme et de confort pour se concentrer (seuil faible) – elle devrait toujours être en mesure de trouver un endroit qui lui convienne. Vous pourrez vous inspirer de nos études de cas consacrées au bureau d’Allegro à Varsovie et de LinkedIn à Paris, qui vous donneront des idées concrètes de designs tenant compte de la diversité.
En résumé…
Nous espérons qu’après avoir lu ce guide, vous aurez :
- Des éléments pour comprendre – et pour expliquer – les bienfaits d’une conception tenant compte des différents seuils sensoriels pour améliorer le bien-être.
- Une compréhension des possibilités qu’offre le design biophilique pour favoriser le bien-être sensoriel et cognitif sur le lieu de travail.
- L’inspiration et la confiance nécessaires pour mettre ces idées en pratique, en utilisant nos suggestions de design afin s’assurer le confort visuel, acoustique et tactile des personnes ayant des seuils faible, moyen et élevé.
En tant qu’architectes et designers, nous devrions nous efforcer de créer des espaces qui favorisent le bien-être cognitif et sensoriel. De plus en plus, les espaces de travail innovants centrés sur l’humain montrent à quel point la diversité des espaces est nécessaire. Nous espérons que ce guide vous incitera à explorer ce thème, pour vous-même et vos clients, en vous aidant à donner au bien-être cognitif et sensoriel une place centrale dans votre bâtiment ou votre prochain projet.
Vous pouvez télécharger le guide ici.
Références
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- https://blog.dscout.com/mobile-touches
- https://research.udemy.com/research_report/udemy-depth-2018-workplace-distraction-report/
- https://www.emerald.com/insight/content/doi/10.1108/14725960810872622/full/html
- https://www.emerald.com/insight/content/doi/10.1108/14725960810872622/full/html
- Levitin, D. J. (2015). Why the modern world is bad for your brain. The Guardian, 18.
- https://www.telegraph.co.uk/finance/jobs/11691728/Employees-waste-759-hours-each-year-due-to-workplace-distractions.html
- https://blog.dscout.com/mobile-touches
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- Levitin, D. J. (2015). Why the modern world is bad for your brain. The Guardian, 18.
- https://www.telegraph.co.uk/finance/jobs/11691728/Employees-waste-759-hours-each-year-due-to-workplace-distractions.html
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