Cinq approches d’experts pour améliorer sa santé et son bien-être au moyen de la biophilie et de la nature
Si l’adage voulant que nous soyons le produit de notre environnement est vrai, alors il est tout à fait logique de viser à ce que nos espaces de travail stimulent l’atteinte de notre plein potentiel. Dernièrement, la biophilie – soit la notion que l’humain cherche instinctivement à tisser des liens avec la nature et les autres formes de vie – fait beaucoup jaser dans le domaine du design. D’abord décrite en 1973 comme « l’amour passionné de la vie et du vivant » par le psychanalyste américain d’origine allemande Erich Fromm, la biophilie a ensuite été explorée plus en profondeur en 1984 par le biologiste américain Edward O. Wilson, qui a suggéré que la propension humaine à s’affilier à la nature et aux autres formes de vie est en partie une question de génétique. Aujourd’hui, la biophilie sert de base à un mouvement d’adeptes du design durable qui vise à intégrer des éléments naturels aux produits et aux espaces pour favoriser le sentiment de bien-être essentiel à la santé et à la productivité de l’humain. Par ailleurs, un nombre croissant de preuves empiriques et scientifiques montrent les bienfaits de la proximité à la nature ou à des éléments la reproduisant, et soutiennent la tendance au design naturel. Découvrez ci-dessous cinq stratégies de design qui tirent profit de la nature ou du biomimétisme pour améliorer notre santé et notre bien-être dans les environnements bâtis.
Cultiver un mur végétal
Les murs végétaux formés d’un éventail de petites plantes non seulement réjouissent les sens en ajoutant couleurs et textures aux halls d’entrée, aux atriums et aux autres espaces communs, mais aussi favorisent la santé et le bien-être en absorbant le dioxyde de carbone et les autres gaz toxiques pour ensuite rejeter de l’oxygène vivifiant. Vous cherchez une solution de rechange aux murs composés d’herbes, de plantes grasses et d’autres plantes? Voici ce que vous propose Joseph Zazzera, expert certifié en biomimétisme, LEED AP ID+C, WELL AP provisoire et copropriétaire de l’entreprise Plant Solutions (située à Scottsdale, en Arizona) : installez un mur végétal constitué de mousses et de lichens, lesquels demandent peu d’entretien. Depuis déjà mille ans, les moines bouddhistes cultivent ce type d’installation dans les temples ou sur des pierres et des murs pour oublier les distractions quotidiennes et faciliter la méditation. Lorsque leurs textures et leurs teintes (allant de chartreuse et olive à gris clair et vert pâle) se fondent en une composition bien délimitée – alimentée par un processus de conservation et fixée à un mur –, les mousses et les lichens attirent l’œil telle une peinture abstraite. « Ces murs sont comme des œuvres d’art biomimétiques qui nous rappellent notre nature humaine et notre lien inné avec le vivant, affirme M. Zazzera. Chaque mur est en quelque sorte un sanctuaire en lisière de la nature sauvage qui marque la limite entre notre espace de travail et notre instinct primitif. »
Tenir compte des sens
Les éléments inspirés de la nature que nous voyons, entendons, sentons ou touchons peuvent influencer positivement notre bien-être physique et psychologique, en plus de réduire notre stress. Un employeur soucieux de la santé des yeux de son personnel devrait, par exemple, offrir à l’employé une profondeur de vue d’au moins 6 mètres au-delà de son écran – idéalement de plus de 18, voire 30, mètres – pour lui permettre de relaxer complètement les muscles de ses yeux et d’ainsi réduire le stress oculaire prolongé; c’est ce que préconise Chris Garvin, membre de l’AIA, LEED AP BD+C et associé directeur de Terrapin Bright Green, une société-conseil en développement durable et en planification stratégique. « Si vos stores s’ajustent manuellement, n’oubliez pas de les relever », recommande M. Garvin, qui suggère également de diffuser un bruit de ruissellement d’eau dans les espaces de travail. « Un bruit d’eau qui coule ou qui gargouille peut améliorer la concentration et réduire le stress, soutient-il. D’ailleurs, une petite fontaine pour bureau coûte aussi peu que dix dollars. » Pour ce qui est du toucher, M. Garvin propose d’ajouter une « variable thermique » en jouant avec la température ou la ventilation « au moyen de contrôles manuels, de fenêtres à châssis, de petits ventilateurs oscillants de bureau ou de matériaux aux propriétés thermiques différentes – comme un mélange de métaux, de bois ou de tissus ».
Reproduire les textures, les formes et les motifs de la nature
Des cristaux et des feuilles aux coquillages et aux flocons de neige, les formes naturelles incorporent des motifs qui plaisent instinctivement à l’humain. Dans son approche globale de résolution de problèmes, le designer Buckminster Fuller considérait d’ailleurs ces motifs comme la source d’inspiration par excellence. « Fuller était impressionné par l’efficacité avec laquelle la nature utilise les matériaux, raconte Elizabeth Thompson, directrice générale du Buckminster Fuller Institute. Ainsi, aucune de ses créations n’avait d’angles droits, puisqu’ils ne sont pas naturels – les formes naturelles se rapprochent plutôt du triangle et du tétraèdre », ajoute-t-elle. Selon Mme Thompson, lorsque nous sommes entourés de structures ou d’éléments inspirés de tels motifs, « nous percevons l’écho de la nature ». M. Garvin est du même avis : l’utilisation de formes biomorphiques, soit des formes qui imitent celles de la nature, réduit le stress et augmente le plaisir visuel. « Cela comprend les dimensions fractales et autres motifs naturels », précise-t-il. Par exemple, les dalles de moquette modulaires de la collection Human Nature d’Interface déclenchent l’envoi de signaux positifs au cerveau en transportant la nature sous les pieds grâce à des textures et à des motifs qui simulent la mousse, la roche, le gravier et d’autres surfaces naturelles.
Ouvrir une fenêtre sur le monde
De nos jours, nous rétrécissons les espaces de travail afin de réduire le bilan carbone et de minimiser les coûts énergétiques et immobiliers. Les designers, les gestionnaires d’établissements et les décideurs d’entreprise ont toutefois remarqué qu’une vue sur un lieu naturel peut compenser la perte perçue d’espace. Lindsay James, experte certifiée en biomimétisme et vice-présidente, Entreprise restauratrice à Interface, donne l’exemple du siège social du fabricant de mobilier Haworth, situé à Holland, au Michigan. Dans la rénovation, les bureaux dits traditionnels ont laissé place à des espaces de travail ouverts plus petits, et le garage fermé a été remplacé par des herbes de prairie et un atrium jumelant lumière naturelle et vues extérieures. « Selon une des premières évaluations post-déménagement, les travailleurs voyaient ce changement d’un mauvais œil, puisqu’ils trouvaient le nouvel espace trop chargé. Par la suite, un couple de dindons sauvages a fait son nid dans la prairie, et les gens ont commencé à surveiller quotidiennement les œufs jusqu’à leur éclosion, explique-t-elle. Une évaluation subséquente a révélé qu’une fois la connexion au rythme naturel de la vie rétablie, la réponse des travailleurs était considérablement plus positive. En effet, ceux-ci ressentaient un épanouissement inattendu à la vue de la nature qui suit lentement son cours. Voir la nature se transformer au gré des saisons, c’est un rappel quotidien de l’influence qu’a le monde sur notre vision et de notre connexion à toutes les formes vivantes de la planète. »
Suivre la lumière
« La lumière naturelle, jumelée à une vue du ciel permettant l’exposition aux mouvements diurnes, favorise la concentration le jour et le maintien d’un rythme circadien sain, explique M. Garvin. Lorsque l’accès à une telle lumière naturelle est impossible, une solution est de recourir à des lampes de travail électriques dotées d’ampoules LED diffusant une lumière qui reproduit le rythme biologique circadien. »
Pour découvrir d’autres idées de design biophilique, visitez terrapinbrightgreen.com/publications ou mosswallart.com.