Avec ses conditions météorologiques extrêmes croissantes comme les inondations, les périodes de canicule et de sécheresse, le changement climatique augmente la pression politique et sociétale sur le secteur de la construction pour des bâtiments plus éco-responsables. Sans surprise, puisque ce secteur est responsable de 40% des émissions de gaz à effet de serre et de 33% de la consommation de ressources dans le monde. En France, il représente près de 23% des émissions de GES du pays. Il est donc urgent d’agir.
Les promesses de neutralité carbone, les matériaux de construction durables et les labels environnementaux sont en plein essor. Mais alors, comment savoir s’il s’agit de faits ou de simple greenwashing ? Comment trouver le bon produit bas carbone pour l’application souhaitée ? Dans ce billet, je vous propose d’avoir un aperçu des différents types de labels environnementaux et de comprendre ce qui se cache exactement derrière.
Trois types de labels environnementaux
Les labels environnementaux doivent donner aux clients une orientation fiable pour choisir des produits et services respectueux de l’environnement et ainsi créer de la transparence afin de simplifier la décision et, in fine, de gagner du temps.
Les labels environnementaux peuvent en principe être distingués en trois catégories :
- Labels environnementaux certifiés
- Labels du fabricant
- Déclarations environnementales vérifiées sur les produits
Un exemple de label environnemental certifié est le label écologique allemand « Blauer Engel » ou Ange Bleu de l’Office fédéral de l’environnement pour les produits et services respectueux de l’environnement. Pour se faire, des preuves sur les conditions de production socialement acceptables, des exigences sur les matériaux, ainsi que des critères en matière de qualité de l’air intérieur, de déclaration et d’utilisation doivent être fournies.
Le label Cradle-to-Cradle vise à fournir un cadre pour l’évaluation d’un produit en termes de sécurité, de circulation et d’utilisation responsable des ressources. Il est publié par le Cradle to Cradle Product Innovation Institute, avec des succursales aux États-Unis et aux Pays-Bas. Le produit est testé sur la base d’un catalogue complet de critères dans cinq domaines : la santé des matériaux, la capacité de circulation, l’équité sociale, la gestion de l’eau et des sols, ainsi que l’air pur et la protection du climat. Le certificat est attribué à l’un des quatre niveaux en fonction du degré d’exécution : Bronze, Argent, Or ou Platine. Sur l’ensemble du catalogue de critères, le niveau le plus bas de la catégorie atteinte indique le niveau global.
Les labels des fabricants sont nettement moins utilisés. Ils ne sont ni vérifiés par des tiers, ni utilisés par des tiers et ont donc trop peu de signification pour de nombreux utilisateurs.
Ces deux types de labels environnementaux fournissent des déclarations purement qualitatives sur un produit. Les labels environnementaux certifiés sont des exigences prédéfinies d’un tiers à respecter pour les produits. Il ne s’agit pas toujours de mises en œuvre concrètes, les plans seuls peuvent parfois suffire. Si vous souhaitez des informations plus détaillées, par exemple sur l’empreinte carbone, la part des énergies renouvelables utilisées, les programmes de fin de vie ou les matériaux utilisés, vous devez consulter en détail les exigences de l’institut émetteur du label. Les chiffres spécifiques au produit ne peuvent généralement être trouvés que sous certaines conditions.
L’EPD, un document validé et testé par un tiers
Les déclarations environnementales sur les produits, aussi appelées EPD (en anglais : Environmental Product Declaration), fournissent les impacts environnementaux potentiels d’un produit à l’aide de données précises, de chiffres et de faits. Ces données sont présentées en trois catégories : les émissions, l’utilisation des matières premières et les types de déchets. Les effets environnementaux sont chiffrés concrètement et présentés en prenant référence sur le cycle de vie d’un produit ou d’un groupe de produits.
Les EPD spécifiques aux produits sont plus précises que les EPD groupées de produits d’un fabricant ou les EPD groupées de produits inter-fabricants. En outre, une EPD contient des informations détaillées sur l’utilisation des matières premières d’un produit, ainsi que d’autres caractéristiques sélectionnées pour la prescription du produit.
Pour les dalles de moquette, comment la conception du produit affecte-t-elle l’empreinte carbone ? Les facteurs de CO2 sont :
- La fibre : en fonction de l’utilisation de matériaux vierges ou recyclés.
- Le processus de production : des processus inefficaces et une faible proportion d’énergies renouvelables augmentent par exemple l’empreinte carbone.
- Les matériaux à base de pétrole dans la sous-couche tels que le bitume ou le PVC : plus la proportion est élevée, plus l’empreinte carbone est élevée.
- La quantité de matériaux utilisés : un produit plus lourd entraîne une empreinte carbone plus élevée.
La différence peut être énorme
Interface commercialise des dalles de moquette avec une empreinte carbone négative dans son offre de produits depuis 2021. Ceux-ci contiennent une forte proportion de matériaux biosourcés, une grande part d’éléments recyclés, ainsi qu’une utilisation réduite de matériaux sans compromettre les performances techniques. De plus, ils sont exempts de bitume et de PVC. Selon le produit, l’empreinte carbone est jusqu’à -1,1 kg de CO2 e/m2. Ces revêtements de sol textiles contiennent plus de carbone lié sous forme de matériaux biosourcés que les émissions de CO2 émises pendant la phase d’extraction, de transport et de production des matières premières. Ainsi, nos revêtements de sol servent de puits de carbone dans les projets du bâtiment.
L’empreinte carbone (cradle-to-gate) de la nouvelle collection de dalle de moquette Upon Common Ground (avec une fibre 100 % recyclée) atteint jusqu’à 3,22 kg CO2 e/m2. En comparaison, l’empreinte carbone par m2 dans une EPD groupée est échelonnée entre 400 g et 800 g en fonction du poids d’utilisation du pôle :
- Fibre 100% recyclée à 5,43 kg (400g), 5,85 kg (600g) à 6,28 kg (800g)
- Fibre vierge à 10,8 kg (400g) à 14,9 kg (800g)
Les économies potentielles de carbone lors de l’utilisation d’Upon Common Ground avec son polyamide 100% recyclé dans un projet de 250 m2 à 1 500 m2 sont de 575 kg à 3.450 kg CO2 e/m2 par rapport aux valeurs de l’EPD groupée. La différence est encore plus évidente lorsqu’il n’y a pas de fibre recyclée : les économies atteignent alors des valeurs de 2 418 kg ou 14.505 kg CO2 e/m2.
Qu’il s’agisse d’un label environnemental certifié ou de données environnementales vérifiées, lorsqu’il s’agit de matériaux de construction éco-responsables, il faut systématiquement y regarder de plus près. En ce qui concerne les informations sur les économies de carbone, l’EPD avec ses données valides et concrètes est indispensable. Cela comprend également les solutions numériques croissantes telles que les modèles BIM, les passeports de bâtiment ou les bilans écologiques dans le cadre de certifications de bâtiments ou des règles actuellement recommandées par l’Union Européenne.
La transparence et les données mesurables sont ainsi devenus indispensables – l’EPD est actuellement le meilleur outil pour le faire et obtiendra une importance centrale comme un « vérificateur de faits ».
Pour mieux comprendre le cycle de vie d’un produit, de l’extraction des matières premières pour le fabriquer, en passant par sa fabrication, jusqu’à sa fin de vie, voici une vidéo de l’ADEME prenant en exemple le cas du smartphone: